Haïti : politique ou l’art des adroites maladresses
- Marvens Pierre
- il y a 6 jours
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Il ne se passe pas un seul jour sans qu’un homme ou une femme politique ne commette une bévue. Reconnaissons-leur l’esprit d’équipe, puisque depuis quelque temps ils se mettent à plusieurs pour nous offrir la plus macabre des comédies...
Que ce soit en créole ou en français, le mot transitoire suggère une temporalité, en d’autres termes, le temps de sortir d’un point pour arriver à un autre. En aucun cas, le travail à effectuer durant la transition ne devrait être contraignant pour les acteurs qui prendront la relève. L’objectif était pourtant clair :
Rétablir la sécurité,
En vue de la tenue de compétitions électorales dans les plus brefs délais.
Mais, puisque nous avons pris l’habitude de vouloir plaire à tout le monde, entre provisoire et définitif, nous avons trouvé le « PROVISOIREMENT DÉFINITIF »... et en avons fait un projet politique : Le CONSEIL PRÉSIDENTIEL DE TRANSITION.
Les friands de politiques étrangères devront admettre que les génies de la diplomatie n’ont jamais réussi à mettre sur une seule table sunnites et chiites, Ukrainiens et Russes, Israéliens et Palestiniens, républicains et démocrates, etc. Alors qu’en Haïti, l’appétit des acteurs a eu raison de leurs différends : il aura donc suffi que la table soit bien garnie pour que les ennemis d’un jour deviennent les meilleurs amis du monde...
Leur appétit augmente, leur goût s’affine et l’inquiétude se précise au rythme de l’épuisement des victuailles. Redeviendront-ils les uns pour les autres, au terme du banquet, les éléments de nuisance d’avant ?
Laisseront-ils, comme à des laquais, à leurs successeurs les restes de table ???
Revenons à l’essentiel : une gouvernance légitime.
Cette obsession à vouloir une seule compétition électorale pour tout le pays est contraire à l’objectif de décentralisation. Le Grand Sud (Nippes, Sud, Sud-Est, Grande Anse), puis le Grand Nord (Nord, Nord-Est, Nord-Ouest) sont tous des départements indemnes du contrôle des gangs armés, et des élections chez eux nous vaudraient une majorité significative d’élus pour un contre-pouvoir nécessaire.
La situation d’exception nous autorisera d’ailleurs à limiter provisoirement le nombre de représentants sans que ce soit une violation constitutionnelle, cette dernière étant de toute manière inapplicable depuis sa promulgation.
Un sénateur par département et un député-maire pour chaque commune, secondé par les administrateurs des sections (ASEC et CASEC)...
Le principal problème étant d’ordre économique, considérant la lourdeur administrative et son coût salarial tel que prévu par les constituants de 1987, la réduction du nombre d’élus aura le bénéfice d’être plus rentable. Cependant, sans un profil des compétences requises pour chaque fonction et sans écoles d’administration pour préparer les prétendants à leur poste, le risque d’une mauvaise gouvernance reste le même.
C’est à toutes ces questions qu’une conférence nationale devrait répondre, en tenant compte de la réalité de chaque collectivité et de champs divers et particuliers.
Finalement, que ce soit Jacques, Pierre ou Paul à la tête de l’État, si nous continuons à nous préoccuper de ce qu’en pense « le blanc » et refusons de poser les bonnes questions pour exiger des réponses satisfaisantes, nous nous éloignerons encore davantage des solutions à nos problèmes.
Ashley Laraque
18 août 2025
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