J'ai vu de près une intervention militaire en Haïti. Nous ne pouvons pas répéter les mêmes erreurs.
- Marvens Pierre
- 2 déc. 2022
- 2 min de lecture

Haïti est en train de s'effondrer. Le peuple haïtien vit sous un règne de terreur imposé par des gangs armés qui ont la mainmise sur l'économie. Le pays est traqué par la maladie et la perspective d'une famine généralisée. L'État haïtien étant presque complètement frappé d'incapacité, un nombre croissant d'Haïtiens désespérés tentent d'atteindre les États-Unis et il existe un potentiel d'exode massif par voie maritime en direction de la Floride. En réponse, l'administration Biden intensifie les efforts d'interdiction de la Garde côtière tout en essayant de constituer une force internationale pour intervenir en Haïti à la demande du Premier ministre par intérim du pays.
Cependant, les perspectives d'une mission de sauvetage internationale semblent actuellement sombres. Il y a une sérieuse opposition à une intervention internationale en Haïti, et la réticence des États-Unis à participer à la force met en péril sa viabilité. Bien qu'elle devienne de plus en plus urgente de jour en jour, une intervention pourrait être mort-née à moins que l'administration ne révise son approche actuelle dans plusieurs domaines clés. Sinon, la détérioration de la situation pourrait confronter Washington à des choix encore pires et à la probabilité de devoir assumer seul le fardeau.
Nous sommes déjà venus ici.
J'étais ambassadeur en Haïti en 2004 lorsque la plus récente intervention militaire américaine a eu lieu, et il existe de nombreux parallèles avec la situation actuelle. À l'époque, comme aujourd'hui, il y avait une crise de légitimité, une impasse politique et une anarchie rampante qui déviaient vers un effondrement de l'autorité de l'État et un chaos généralisé. La façon dont les États-Unis ont réagi à cette crise antérieure est un récit édifiant avec des leçons qui pourraient éclairer une approche plus réussie aujourd'hui.
Il est courant de blâmer la communauté internationale pour ses échecs en série en Haïti, et les puissances extérieures portent en effet une lourde responsabilité dans les malheurs du pays au cours des siècles passés. Mais dans l'Haïti contemporaine, les États-Unis - en choisissant parmi un menu d'options désagréables - ont souvent fait des gaffes d'une manière qui a été manipulée par les factions et personnalités concurrentes d'Haïti pour faire avancer leurs propres intérêts et objectifs.
La racine de l'échec de la gouvernance du pays réside en fait dans une lutte sans fin pour le pouvoir et dans l'incapacité chronique des partis en lice d'Haïti à faire des compromis ou à parvenir à un consensus sur la légitimité politique. Il n'y a aucun espoir d'aller au-delà de la condition désormais endémique d'échec de l'État et d'anarchie naissante d'Haïti à moins que les Haïtiens ne se rassemblent et ne prennent enfin le contrôle de leur propre destin. Le but de tout effort international doit être d'éviter même la perception d'un alignement avec une partie ou une autre et de faciliter le consensus autour de la prise de responsabilité des Haïtiens dans les domaines politique et sécuritaire. La dernière intervention étrangère n'a pas atteint cet objectif critique et n'a donc guère aidé Haïti à construire un État fonctionnel sous gouvernance démocratique.
source: Politico
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